Excellent ExceLsior, un quotidien illustré de la Grande Guerre en ligne sur le site de la BDIC

La presse est une source incontournable. Historien.nes, généalogistes et/ou simples curieux.ses le savent bien, eux qui passent des heures à fouiller sur le site de la Bibliothèque nationale ou sur ceux des nombreux services d’Archives départementales, dont le Finistère par exemple, qui proposent un accès à de vieux journaux. Aussi ne peut-on que se satisfaire de l’annonce faite au mois de juillet 2016, et donc passée relativement inaperçue pour cause de congés estivaux, par la Bibliothèque de documentation et d’information contemporaine de la mise en ligne d’un quotidien de référence, illustré de surcroît, L’Excelsior.

Une de L'Excelsior du 11 mars 1917.

Publié à partir de novembre 1910, et ce jusqu’en 1943, ce journal est une sorte de Paris-Match qui, chaque jour, entend ajouter au poids des mots le choc des photos. S’il n’est assurément pas le premier quotidien à être illustré, il est en revanche celui qui, le premier, accorde une telle place à l’iconographie. Au menu, on retrouve bien évidemment des clichés pris « sur le vif », pour faire référence à un autre célèbre illustré de l’époque, hebdomadaire lui, mais également des infographies particulièrement éclairantes ainsi que de nombreuses caricatures et autres dessins humoristiques.

C’est donc une source de premier ordre qui est proposée ici. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Joëlle Beurier se réfère largement à L’Excelsior dans le cadre de ses recherches sur la presse et la mort pendant la Grande Guerre1. Deux réserves doivent toutefois être formulées. La première tient aux conditions techniques de l’époque et au rythme même de cette parution. Quotidien, le journal est non seulement un grand consommateur d’illustrations mais doit de plus coller à l’actualité, sous peine d’accuser un retard rédhibitoire face à ses concurrents. La transmission de l’image n’étant pas aussi instantanée qu’aujourd’hui, les clichés publiés se révèlent bien souvent être en décalage avec le sujet traité et sont d’ailleurs légendés de manière très vague, notamment en ce qui concerne les dates.

L’autre réserve que l’on se doit de formuler tient moins à la source elle-même qu’aux modalités de sa mise en ligne, en accès libre et gratuit certes, mais via l’interface Argonnaute. Simple, pour ne pas dire rustique, elle ne permet aucune interrogation de l’archive et contraint à télécharger, pdf par pdf, chaque numéro. La différence avec Gallica est ici flagrante. Pour autant, s’il s’agit là d’une réalité qui peut, ponctuellement, se montrer préjudiciable, il convient de ne pas se méprendre sur les risques que comportent de tels moteurs de recherche. Les oublis sont en effet fréquents et le risque de passer à côté d’une occurrence sont réels. Rien ne remplace en effet le méticuleux travail d’archives et la lecture in extenso de la documentation.

Si les infographies publiées par L’Excelsior sont parfois d’une étonnante modernité, la qualité d’impression n’est pour sa part pas souvent à la hauteur.

En définitive, la mise en ligne par la BDIC de ces numéros de L’Excelsior est une nouvelle d’autant plus appréciable qui le sont, à l’instar des désormais célèbres albums Valois, sous le régime d’une licence ouverte. Et pour tout dire, nous n’espérons qu’une seule chose : que dans un avenir proche la collection complète de cet illustré soit disponible.

Erwan LE GALL

 

 

 

1 BEURIER, Joëlle, Photographier la Grande Guerre. France-Allemagne. L’Héroïsme et la violence dans les magazines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016.