Vive le sport avec le Miroir !

Le Miroir des sports est certainement l’un des magazines sportifs les plus populaires des années 1930. Grâce à ses reportages richement illustrés, il constitue une précieuse mine d’informations pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du sport, du point de vue des performances bien entendu mais aussi en tant que phénomène social, culturel, économique et politique. En dépit d’une ligne éditoriale résolument tournée vers l’international, le journal consacre en effet de nombreux articles aux sportifs bretons.

Le Miroir des sports: une large place accordée au cyclisme, et donc aux sportifs bretons. Collection particulière.

C’est le 4 juillet 1920 que Le Miroir des sports paraît pour la première fois dans les kiosques, mais sous le n°342. Loin d’être une erreur d’impression, l’hebdomadaire prend en réalité la suite directe de son prédécesseur Le Miroir, journal plus généraliste qui s’était notamment distingué pour avoir montré, pendant quatre ans, l’intimité des combattants de la Grande Guerre. Avec le retour de la paix, Le Miroir ne parvient pas à fidéliser son public. La rédaction reconnaît que sa ligne éditoriale n’est plus rentable puisqu’en raison des progrès techniques, « la plupart des journaux ont pris habitude de reproduire les clichés d’actualité les plus intéressants »1. Dans le courant de l’année, les propriétaires décident donc d’orienter l’hebdomadaire vers les « tendances nouvelles », à savoir le sport dont la pratique se démocratise rapidement.

Le Miroir des sports entend désormais être un « résumé fidèle de toutes les manifestations sportives mondiales par le texte, par la photographie, par des graphiques, par des cartes, par des tableaux, par tous les moyens d’expression les plus modernes et les plus précis ». Chose peu banale – et il faut souligner que c’est chose encore rare un siècle plus tard –, c’est à une femme que la rédaction consacre sa toute première couverture : Suzanne Lenglen. La jeune tenniswoman est extrêmement appréciée des journalistes de l’hebdomadaire parisien puisque Le Miroir s’achevait, quatre jours plus tôt, par une première page où apparaissait déjà la sportive en compagnie de l’actrice Mary Pickford.

Pendant près de vingt ans, Le Miroir des sports publie de nombreux reportages consacrés aux sportifs bretons. Le gardien de but brestois Alex Thépot est par exemple à l’honneur de la rubrique « L’homme sportif du jour » le 26 mai 1931. L’édition du 7 mai 1935 met également en avant les footballeurs du Stade rennais qui, une fois n’est pas coutume, viennent de perdre la finale de la coupe de France contre l’Olympique de Marseille. Mais c’est peut-être l’omniprésence éditoriale du cyclisme qui offre le lien le plus évident entre Le Miroir des sports et la Bretagne. L’édition du 15 juin 1942 dévoile par exemple un résumé complet et illustré de la victoire de Jean-Marie Goasmat lors du championnat de France de la zone occupée. L’édition du 19 juillet 1939 offre, de son côté, de magnifiques clichés du peloton qui traverse les villes bretonnes à l’occasion du passage du Tour de France 1939. Esthétiquement réussies, elles montrent l’engouement populaire qui existe autour de ce sport dans les années 1930.

Le Miroir, un hebdomadaire qui mise sur l'image et constitue, à cet égard, une source des plus préciseuses.

Le 12 septembre 1939, Le Miroir décide d’abandonner « les sports » pour reprendre une ligne éditoriale consacrée à la guerre. L’initiative est de courte durée. L’hebdomadaire tente un retour en 1941 sous sa forme sportive. Il disparaît toutefois sous cette forme à la Libération avant de signer un dernier, retour près d’une décennie plus tard.

Yves-Marie EVANNO

 

 

 

 

 

1 « Dès son prochain numéro Le Miroir va se transformer », Le Miroir, 4 juillet 1920, p. 3.