L’histoire locale ? C’est au programme !

Les programmes scolaires invitent les enseignants à étudier, avec leurs élèves, les grandes lignes de l’histoire de France et du monde. Dans cette histoire globale, la dimension locale a-t-elle sa place ? C’est la question que posent deux enseignantes du secondaire, Michèle Guilloux et Gwenola Pichard, dans un petit ouvrage aux allures de bande-dessinée intitulé Petites histoires de Bretagne et publié aux éditions Locus Solus1. Les auteures en sont convaincues, « faire connaitre la région aux élèves, c’est leur donner des clés de lecture sur les paysages et le patrimoine qu’ils ont tout simplement sous les yeux » (p. 3).

Une large place accordée aux dessi,s de Samuel Buquet.

A travers 44 thèmes richement illustrés par Samuel Buquet, l’ouvrage permet de (re)découvrir l’histoire de la Bretagne de manière ludique. Chaque partie est construite selon la même logique : la première page présente la période à l’aide de documents d’archives, la seconde propose une fiction agrémentée par les dessins de Samuel Buquet. Cette dernière met alors en scène un ou plusieurs personnages fictifs qui participent à l’un des évènements les plus marquants de la période étudiée.

L’histoire contemporaine de la Bretagne tient une place privilégiée dans l’ouvrage. Pas moins de 22 thèmes, soit la moitié, sont consacrés à la période post-révolutionnaire. Cette disproportion entre les périodes n’est pas incohérente lorsqu’on regarde attentivement le contenu des programmes scolaires. C’est en effet au début de la classe de quatrième, à mi-parcours du collège, que les élèves découvrent la Révolution française. Parmi les thèmes abordés dans le livre, on trouve par exemple le développement du chemin de fer (p. 54-55), l’arrivée des Américains à Brest en 1917 (p. 68-69), l’essor du tourisme (p. 72-73) ou encore la modernisation de l’agriculture (p. 94-95).

La Seconde Guerre mondiale tient une place importante dans l’ouvrage puisque trois thèmes lui sont consacrés : la Résistance, l’Occupation (en réalité les fortifications et les bases de sous-marins) et la reconstruction. Si l’on détaille le premier sujet, les auteures y évoquent brièvement la collaboration avant de mieux se concentrer sur les résistants de l’ile de Sein et du maquis de Saint-Marcel. De son côté, la fiction met en scène un jeune breton prénommé Raymond qui, en dépit de ses 15 ans – soit approximativement l’âge d’un élève de troisième –, tente de s’embarquer pour Londres pour y rejoindre « le général inconnu » qu’il a entendu sur la TSF (p. 81).

Comme toujours chez Locus Solus, une mise en page attrayante, associant bande-dessinée et archives.

En définitive, Petites histoires de la Bretagne nous a totalement conquis. Si le discours est parfois un peu simpliste, il permet néanmoins au jeune lecteur de découvrir facilement l’histoire par le prisme de la région. De leurs côtés, les enseignants y trouveront de précieuses ressources afin d’agrémenter leurs cours d’exemples locaux qui, bien souvent, parlent davantage aux élèves que les exemples extraits des manuels nationaux. En alimentant chaque semaine une rubrique dédiée au public scolaire, l’équipe d’En Envor partage l’ambition de Michèle Guilloux et Gwenola Pichard : l’histoire enseignée dans le secondaire ne doit pas négliger la proximité… géographique.

Yves-Marie EVANNO

 

 

1 PICHARD, Gwenola et GUILLOUX, Michèle (Illustrations de BUQUET, Samuel), Petites histoires de Bretagne, Châteaulin, Locus Solus, 2018. Afin de ne pas surcharger inutilement l’appareil critique, les références à cet ouvrage seront dorénavant indiquées dans le corps de texte, entre parenthèses.