Victor Golvan : une fidélité gaulliste à toute épreuve

Victor Golvan est probablement l’une des principales figures gaullistes en Bretagne. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il se laisse convaincre par le discours politique du général de Gaulle à qui il voue désormais une fidélité sans faille et ce, même lorsque son mentor rencontre une difficile traversée du désert. Cette loyauté à toute épreuve lui confère alors une légitimité sans faille qu’il exploite à profit entre 1958 et 1974.

Quiberon, le fief électoral de Victor Golvan, dans les années 1950. Carte postale, collection particulière.

Victor Golvan naît le 6 avril 1902 à Gâvres, non loin de Lorient dans le Morbihan. Très jeune, sa famille déménage à Quiberon où il passe les plus belles années de son enfance. Elève brillant, il quitte les abords de la côte sauvage pour mener des études supérieures. En 1926, il s’installe à Craon en tant que vétérinaire. Le jeune praticien s’habitue rapidement à sa nouvelle vie en Mayenne. Il y entame une courte carrière politique en étant qu’élu au conseil municipal sur une liste de tendance radicale-socialiste1.

En 1946, en raison de sa santé « déficiente », il préfère mettre un terme à son activité professionnelle. Il se retire à Quiberon et bénéficie des « nombreuses parts qu’il possède dans des chalutiers de la région » pour subvenir aux besoins de son foyer2. Mais l’ancien vétérinaire ne souhaite pas vivre comme un rentier. Il profite de la défection de l’ancien ministre Alphonse Rio pour se présenter à la mairie de Quiberon. Coopté par l’ancien maire, il est aisément élu. Victor Golvan décide alors de se lancer pleinement dans une carrière politique et rejoint officiellement le RPF, abandonnant au passage ses convictions radicales-socialistes, au même titre qu’Adrien Charrier. Deux ans plus tard, il est élu au Conseil général.

En 1951, alors qu’il se lance dans la campagne législative, il rompt avec le comité départemental du RPF. « Fidèle aux consignes données par le général de Gaulle », il refuse en effet de s’allier au MRP comme le souhaite le comité morbihannais3. Il monte immédiatement une liste concurrente qui lui permet, à la surprise de nombreux observateurs, de se faire élire à l’Assemblée nationale. Pendant sept ans, Victor Golvan incarne la troisième tendance de la droite morbihannaise qui souhaite concurrencer le MRP de Paul Ihuel et le CNI de Raymond Marcellin4. Minoritaire, il n’arrive pas à conserver son siège lors des législatives de 1956.

Le général de Gaulle à Vannes en 1947. Archives Municipales de Vannes - Fonds Rougerie-Decker.

 

Le retour du général de Gaulle, en 1958, est une aubaine pour lui. En marge des élections sénatoriale du 8 juin 1958, il condamne ouvertement « ceux qui ont lâché le gaullisme après s’être fait porter par lui à l’Assemblée nationale, de s’en proclamer les champions du moment »5. Il prend à cette occasion une belle revanche sur ses concurrents en s’octroyant un poste de sénateur qu’il conserve jusqu’en 1974, cinq ans après le retrait de son mentor politique. Si la carrière nationale de Victor Golvan alterne des hauts et des bas, son succès local est bien plus constant. Jusqu’à la fin des années 1970 il demeure sans rival à la mairie et dans son canton. Il décède à Vannes le 16 août 1986.

Yves-Marie EVANNO

 

1« Victor Golvan », Site internet de l’Assemblé nationale, [en ligne].

2 Archives départementales du Morbihan, 1526 W 472, notice individuelle de Victor Golvan, 1958.

3 Ibid.

4 Sur ce point, voir BAUDEQUIN, Henri, GUELLEC, Agnès et GICQUEL, Yvonig, « Le Morbihan de 1945 à 1988 ou quarante années de vie politique », in LE BOUËDEC, Gérard (dir.), Le Morbihan de la préhistoire à nos jours, Saint-Jean-d’Angély, Ed. Bordesoulles,  1994, p. 440-414.

5 « Une mise au point de M. Golvan », Ouest-France, 30 mai 1958, p. 6.