La Bretagne aux NARA : c’est l’Amérique !

Si la connexion, le global ou encore le transnational sont des thématiques historiographiques en vogue, ces perspectives riches se conjuguent malheureusement trop rarement, en ce qui concerne la Bretagne, sur un mode archivistique. Pourtant, grâce à internet, nombreuses sont les institutions dont les collections, même situées à plusieurs milliers de kilomètres de la péninsule armoricaine, peuvent venir efficacement enrichir les corpus documentaires de celles et ceux qui travaillent sur l’histoire de la Bretagne contemporaine. Nous avions déjà eu l’occasion d’évoquer en ces pages la riche bibliothèque de New-York ou encore les gigantesques collections de la bibliothèque du Congrès à Washington qui, à l’instar du fameux journal Stars and Stripes, offrent un singulier contrepoint aux archives de la présence américaine en Bretagne pendant la Grande Guerre que l’on peut consulter en France. Toujours aux Etats-Unis, la National Archives and Records Administration, agence chargée de la collecte, de la conservation et de la diffusion des archives produites par les différents organes du gouvernement fédéral, est une institution à connaître.

Le bâtiment de la National Archives and Records Administration à Washington. NARA.

Située à Washington, elle dispose d’un site internet tellement tentaculaire qu’il paraît bien illusoire, en seulement quelques lignes, de prétendre décrire de manière exhaustive ce qu’il peut apporter à l’écriture de l’histoire de la Bretagne. Si l’on s’en tient à la thématique de la présence du corps expéditionnaire américain pendant la Première Guerre mondiale, les perspectives sont aussi nombreuses que stimulantes. En effet, le moteur de recherche du catalogue des archives nationales, très efficace, donne immédiatement accès à des centaines de ressources, en seulement quelques secondes.

En rentrant par exemple le nom de la ville de Saint-Nazaire, qui est après tout assez logique puisque c’est là qu’y débarquent les premiers éléments du corps expéditionnaire levé par l’Oncle Sam le 26 juin 1917, on accède ainsi à plus de 160 notices. Si on trouve les références d’archives à dépouiller sur place, comme quelques documents consulaires par exemple, on profite également d’un certain nombre d’items directement consultables en ligne. C’est ainsi que l’on peut  travailler sur un volumineux dossier (723 images !) relatif à Alvin C. York, l’un des plus célèbres Doughboys passé par l’estuaire de la Loire. De même, de nombreux microfilms ont été numérisés et mis en ligne, documentation qui à n’en pas douter devrait apporter de nombreux éléments très neufs à la connaissance de la présence américaine dans ce secteur pour peu que l’on prenne la peine de les consulter, tâche toujours fastidieuse lorsque réalisée devant un écran. Rappelons néanmoins qu’un ordinateur reste néanmoins autrement moins pénible qu’un lecteur de microfilms…

Celles et ceux qui travaillent à partir d’images, fixes ou mobiles, seront également ravis puisqu’on peut consulter en quelques clics les archives des opérateurs du Signal Corps, c’est-à-dire les homologues américains de la Section cinématographique et photographique des armées française. On peut ainsi découvrir de nombreuses photographies mais aussi des films, source qui, à notre connaissance, n’a été exploitée qu’à la marge par la recherche historique en Bretagne en ce qui concerne la présence américaine lors de la Première Guerre mondiale. Cerise sur le gâteau, toutes ces données sont librement accessibles et téléchargeables, conformément à une législation américaine qui est bien souvent beaucoup plus versée sur le libre-accès que ce que l’on pourrait de prime abord croire.

Un moteur de recherche d'une grande efficacité. NARA.

Simple à prendre en main même pour qui ne maîtrise pas à la perfection la langue de Shakespeare, ou plus prosaïquement de Donald Trump, l’interface permet une recherche précise et rapide dans ces fonds véritablement tentaculaires. Il est d’ailleurs définitivement illusoire de prétendre présenter en si peu de mots toutes les perspectives qu’offre un tel site. Le mieux  est encore de s’y plonger et de partir à la recherche d’archives qui, à n’en pas douter, viendront donner un parfum d’American Dream à vos recherches !

Erwan LE GALL