Aristordinaires

 

 

Curieuse étude que celle que Bertrand Goujon publie aux excellentes éditions Vendémiaire sur les combattants nobles de la Première Guerre mondiale1. Aussi dodue que documentée – plus de 650 pages et pas moins de 1828 notes, malheureusement regroupées en fin de volume et non en bas de page, ce qui gâte passablement le confort de lecture – cette enquête vient assurément combler un vide historiographique. Il est vrai que les travaux sur la question sont rares, ce qui doit sans doute être imputé à la prééminence au sortir du conflit de la figure, indéterminée donc par définition roturière, du poilu.

Groupe de combattants. Carte postale. Collection particulière.

L’auteur n’est d’ailleurs pas un inconnu pour quiconque s’intéresse à la période 1914-1918, et aux élites européennes de manière générale, puisqu’on lui doit notamment un passionnant article sur l’identité aristocratique pendant le conflit paru dans un volume collectif publié il y a quelques années2. C’est donc sur la distinction du sang bleu, sur la singularité de la noblesse, c’est-à-dire sur une catégorie particulière de combattants qui ne saurait être soluble dans l’Union sacrée des tranchées, que porte cette volumineuse recherche. Pourtant, force est d’admettre que l’auteur peine sur ce point à convaincre.

Une distinction opérante ?

Tout le propos de Bertrand Goujon est en effet d’explorer les différentes phases de la guerre par l’intermédiaire de la noblesse française en nous assurant que ces aristocrates participent d’une expérience particulière. Ainsi les noblesses, ce « groupe social homogène, mais dans toute la diversité des clivages qui les traversent » (p. 16), se jettent à bras ouvert dans la mobilisation pour la défense de la patrie ce qui, au regard de ce que l’on sait sur l’année 1914 n’est en rien exceptionnel. Certes, l’auteur a parfaitement raison de remarquer que « discours et attitudes traduisent ainsi une rupture radicale des réseaux transnationaux qui, avant 1914, prévalaient au sein du grand monde » (p. 35) mais un tel constat peut également être formulé à propos de la gauche internationaliste qui, emportée par l’intériorisation de l’idée de nation, rallie elle aussi l’Union sacrée3. Par ailleurs, si la maîtrise des langues et des usages du monde « en font des précieux émissaires auprès des états-majors des puissances européennes » (p. 249), les aristocrates ne sont pas les seuls à pouvoir se prévaloir de ce qui semble plus s’apparenter à un certain principe de disponibilité fonctionnelle4.

De même, il ne fait peu de doute que « les nobles, habitués avant-guerre à un confort, une alimentation, des pratiques sportives et un accès à la médecine d’une qualité sans commune mesure avec ceux qui font l’ordinaire des couches populaires et des classes moyennes, sont peu préparés aux épreuves de la guerre, fussent-elles, dans certains cas, atténuées par leur grade et leur moindre exposition à la violence des combats » (p. 184). Mais est-ce pour autant le propre des aristocrates ou, de manière plus générale, des gens aisés ? A cet égard, le témoignage de Jean Hugo, petit-fils de l’auteur des Misérables habitué à une certaine qualité de vie5, est particulièrement intéressant. Mobilisé à la 30e compagnie du 36e RI – caserné à Caen – il décrit sans complaisance son képi, « objet graisseux et sale qui avait servi à plusieurs générations de soldats et qui, de rouge et noir qu’il était jadis, était devenu rose et vert »6.

Groupe de combattants. Carte postale. Collection particulière.

De la même manière, il n’est pas certain que les « perspectives d’élévation matérielle, fonctionnelle et symbolique » des nobles, « attitudes qui traduisent le désir de retrouver des positions de supériorité et d’irréductibilité par rapport au sort des masses » (p. 315) soient consubstantielles au sang bleu. Une étude sur les notabilités aux tranchées montrerait probablement que petits patrons, instituteurs, médecins ou encore propriétaires fonciers opulents réagissent semblablement de la même manière. Au final, c’est donc le portrait d’un groupe social bien ordinaire, même s’il a conscience de ne pas l’être, que dresse Bertrand Goujon, participant d’une véritable « impréparation culturelle à la guerre moderne » (p. 61)7, ne rechignant pas aux stratégies d’évitement de l’infanterie (p. 55), cherchant avant tout à rassurer leurs proches dans leurs correspondances (p. 428 et suivantes), se livrant parfois au pillage (p. 176-177) mais haïssant les embusqués (p. 407 et suivantes) et témoignant de liens réels avec les petites patries d’origine8.

Question de méthode

On pourra d’ailleurs reprocher à l’excellent spécialiste des noblesses qu’est Bertrand Goujon une moindre connaissance de la Première Guerre dans sa dimension plus strictement militaire. Pour ne citer que quelques exemples, rappelons que l’offensive à outrance n’est pas unanimement partagée en 19149, que la certification des décès n’est pas uniquement problématique pour les aristocrates, bien au contraire même10, et que la courbe des pertes nobiliaires pendant la Grande Guerre est conforme à la tendance générale (p. 475). Peut-être est-ce d’ailleurs cette maîtrise imparfaite qui conduit, à nos yeux, à une interprétation un peu trop littérale des citations attribuées aux combattants aristocrates. Partant notamment de celle reçue par le sous-lieutenant de réserve de Gramont-Lesparre (p. 117), l’auteur avance ainsi que « face aux nouvelles formes de la guerre moderne, l’ethos militaire de la noblesse se recompose autour de qualités comme la persévérance et l’endurance, particulièrement précieuses au sein de l’infanterie » (p. 117). Or les citations à l’ordre sont des textes difficiles d’emploi qui tendent de nombreux pièges. L’exemple du 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo, qui concentre l’essentiel de nos recherches actuelles et auquel il sera largement fait référence par la suite, en est une bonne illustration. Jules Buan, natif de Combourg, est un « instituteur public » de la classe 1913 affecté dès le début de la campagne au 47e RI en tant que simple soldat de deuxième classe. Manifestement, il s’agit d’un bon élément puisqu’il est nommé sergent-major le 20 novembre 1914, grade qu’il conserve jusqu’au 31 août 1919, jour de sa démobilisation. Jamais blessé ni capturé par les Allemands, il reçoit une élogieuse citation à l’ordre du régiment le 25 octobre 1916 :

« Au front depuis le début de la campagne, a pris part à tous les combats où le régiment a été engagé: Guise, La Marne, Reims, Arras 1914, offensive de l'Artois 19 mai 1915, le Labyrinthe, Offensive de Champagne (sept. 1915), offensive de la Somme (sept 1916). Sur les différentes parties du front où il a tenu les tranchées d'Artois, en Argonne et en Picardie a toujours accompli consciencieusement sa rude et glorieuse tâche sans forfanterie mais sans défaillance »11

Très élogieux, ce texte n’en demeure pas moins intriguant. En effet, quelques menus sondages permettent de retrouver facilement plusieurs soldats du 47e régiment d’infanterie à qui sont décernés des citations rigoureusement identiques, au mot près, cette distinction étant en réalité décernée en rafale au mois d’octobre 1916. L’un deux, Henri Glémot, un cultivateur de Paramé, est de la même classe que Jules Buan et se voit décerner la même citation que lui, deux jours plus tôt. Mais, là où le bât blesse, c’est qu’Henri Glémot n’a pas « pris part à tous les combats où le régiment a été engagé » puisque mobilisé avec le 25e RI, il n’arrive au 47e régiment d’infanterie qu’en mai 1915 !12 Sans doute anecdotique, ce cas illustre néanmoins bien les difficultés qu’il y a à utiliser les citations à l’ordre comme source pour écrire l’expérience combattante, celle-ci demeurant pour partie, notamment dans ses dimensions les plus violentes, en dehors du regard de l’historien. Si elles ne disent finalement que peu de choses de leurs lauréats, ces récompenses dressent en revanche un tableau particulièrement précis de ce qu’est le bon soldat. Or, l’exemple du 47e régiment d’infanterie montre encore une fois que la noblesse n’a aucune incidence sur ce portrait. Si les qualités de persévérance et d’endurance du sous-lieutenant de réserve de Gramont-Lesparre sont louées, tel est également le cas au final pour Jules Buan et Henri Glémot,  cités plus haut. L’endurance du commandant Auguste Joseph est de même mise en avant lorsque cet officier reçoit la Légion d’honneur, le 23 juin 1915 :

« A pris le commandement d’un bataillon dans les circonstances les plus difficiles. Blessé presque aussitôt d’une balle au bras, a continué à diriger les attaques de son bataillon pendant trois jours avec un entrain et une endurance remarquables sous un bombardement intense. »13

Pour autant, Bertrand Goujon n’est pas dupe du caractère artificiel de ces textes. L’exemple de la réécriture par l’Action française de la citation délivrée à titre posthume à Octave de Barral le rappelle de belle manière (p. 486). Mais on a en revanche plus de mal à suivre l’auteur lorsque celui-ci avance que cette « rhétorique standardisée » qui tend à valoriser le « goût du risque » et le « dépassement de soi » constitue un « des éléments clefs de la fabrique du héros de guerre noble » (p. 146). Le corpus des citations à l’ordre décernées aux seuls officiers du 47e régiment d’infanterie rappelle que le courage n’est pas une valeur uniquement aristocratique. Bien que non encore achevée, notre base de données comporte plusieurs centaines de noms. En recherchant dans les citations reçues, on retrouve 20 occurrences du mot « courage », 3 étant décernées à des nobles – le sous-lieutenant Fernand Cléret de Langavant, le commandant Gabriel Dufaure de Citres et le sous-lieutenant Maurice Suisse de Sainte-Claire – et 17 à des roturiers. Deux individus – le sous-lieutenant Bernard Monnier et le lieutenant Léon Thébault – présentent même la particularité d’être titulaires de deux citations comportant ce mot. L’interrogation de la base de données à partir du terme « bravoure » donne des résultats encore plus significatifs puisqu’aucun noble du corpus ne reçoit de citation comportant ce vocable. On voit donc qu’il parait difficile à la lumière de ces seules « sanctions positives »14 de dégager une fabrique spécifiquement noble d’un héros aristocrate de la Grande Guerre.

Une certaine conscience de soi

Si les noblesses françaises en Première Guerre mondiale constituent assurément un beau et vaste sujet d’histoire c’est en grande partie parce que celles-ci se pensent comme un groupe spécifique et élitaire (p. 158-159). Mais, il n’en demeure pas moins que l’objectivation des discours doit in fine conduire à une mise en perspective des subjectivités exprimées et donc à une plus large contextualisation des comportements aristocrates. S’il existe « une conception aristocratique de l’honneur qui impose à ces hommes de prendre au plus tôt les armes pour la France » (p. 38), il n’en demeure pas moins que ce type de réaction se retrouve chez bien des roturiers. Emblématique est à cet égard le comportement d’un Albert Omnès, d’un Marcel Brégé où d’un Julien Loret, tous mobilisés au 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo15. On pourra toujours arguer que ce type de raisonnement prend sa source dans la noblesse, il n’en demeure pas moins qu’il est assez largement partagé en 1914-1918, en tout cas bien au-delà des cercles aristocratiques.

Groupe de combattants. Carte postale. Collection particulière.

De la même manière, on veut bien admettre avec Bertrand Goujon qu’en 1914 « la mémoire du lignage est ainsi douée d’une forte injonction prescriptive en matière d’attitudes face à la guerre » (p. 43) ce qui mécaniquement tend à raviver la prégnance du souvenir de l’Année terrible. Mais, là encore, ce phénomène n’est pas propre aux noblesses puisqu’on a cru bon de pouvoir ériger la mémoire de 1870 en protoculture de la Première Guerre mondiale, ce référent historique faisant en maintes occasions office de porte d’entrée dans ce nouveau conflit16. Si spécificité noble il doit y avoir ici, c’est donc sans doute plus dans l’idée de lignage – encore que les filiations ne sont pas sans importance chez les roturiers17 – que dans la référence à l’humiliante défaite conduisant à la perte de l’Alsace et de la Lorraine. On sait ainsi grâce aux mémoires de Julien Loret qu’à la Belle époque, dans les campagnes du nord de l’Ille-et-Vilaine, les souvenirs de la guerre de 1870 alimentent les veillées et contribuent sans conteste à l’intériorisation d’un habitus combattant qui montre toute son efficacité en août 1914 :

« Enfant, je me revois assis sur un petit billot en bois, à côté de mon père au coin du feu, l’écoutant attentivement raconter l’histoire de son service militaire ; en 1870 (au Nord Est de notre pays il y avait la guerre avec l’Allemagne) qui tournait à notre désavantage. Mon père avec son unité était resté dans la région du Midi de la France, et après avoir quitté Auch, il se trouva à Bayonne sur la côte basque puis ensuite Pau, Tarbes, Agen, Cahors, Montauban, Foix, Perpignan, et le long de la côte Méditerranéenne jusqu’à Montpellier. »18

 

Malgré toutes ces réserves, on ne saurait que trop conseiller cette étude particulièrement complète qui fourmille de détails très utiles. En effet, s’ils ne sont pas aussi singuliers que ce à quoi ils aspirent, les nobles constituent une part importante de la société française de 1914-1918 que cet ouvrage permet de mieux appréhender. Par ailleurs, remarquablement écrit, ce volume possède de réelles qualités. Les quelques pages sur les influences mises en œuvre par certains aristocrates pour obtenir une promotion et/ou une citation (p. 398-400) sont ainsi d’autant plus intéressantes que les archives relatives à de tels actes sont particulièrement rares. Fourmillant d’exemples et doté d’un très bien venu index, ce livre n’est pas sans évoquer un certain nombre de grandes familles bretonnes – les de Rohan, de Kerguézec et autres de la Tremoïlle) et constituera donc un excellent outil de travail, mais dont la lecture s’impose toutefois avec un regard critique.

Erwan LE GALL

 

GOUJON, Bertrand, Du Sang bleu dans les tranchées. Expériences militaires de nobles français durant la Grande Guerre, Paris, Vendémiaire, 2015.

 

 

 

1 Goujon, Bertrand, Du Sang bleu dans les tranchées. Expériences militaires de nobles français durant la Grande Guerre, Paris, Vendémiaire, 2015. Afin de ne pas surcharger inutilement l’appareil critique, les références à cet ouvrage seront dorénavant indiquées dans le corps de texte, entre parenthèses.

2 GOUJON, Bertrand, « Insertion et distinction nobiliaire parmi les combattants français de la Grande Guerre », in BOULOC, François, CAZALS, Rémy, LOEZ, André (Dir.), Identités troublées, les appartenances sociales et nationales à l’épreuve de la Guerre, Toulouse, Privat, 2011, p. 47-59. 

3 Sur ce point on se permettra de renvoyer dans ces mêmes colonnes à LE GALL, Erwan, « Le ralliement à la guerre de 1914 de deux figures de la gauche bretonne : digressions sur la notion d’antimilitarisme », En Envor, revue d’histoire contemporaine en Bretagne, n°5, hiver 2015, en ligne.

4 MARCOT, François, « Pour une sociologie de la Résistance : intentionnalité et fonctionnalité », in PROST, Antoine (dir.), La Résistance, une histoire sociale, Paris, Les Éditions de l’atelier/Les Éditions ouvrières, 1997, p. 21-41.

5 On renverra à ce sujet à la notice que lui consacre Frédéric Rousseau dans CAZALS, Rémy (Dir.), 500 témoins de la Grande Guerre, Moyenmoutier, Editions Midi-Pyrénéennes / EDHISTO, 2013, p. 263.

6 HUGO, Jean, Le regard de la mémoire (1914-1945), Paris, Actes Sud, 1983, p. 14.

7 Sur cette question et pour une approche monographique en profondeur on se permettra de renvoyer à LE GALL, Erwan, Une entrée en guerre. Le 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo au combat (août 1914 – juillet 1915), Talmont-Saint-Hilaire, éditions CODEX, 2014.

8 Sur cette question on se permettra de renvoyer à BOURLET, Michaël, LAGADEC, Yann, LE GALL, Erwan, Petites patries dans la Grande Guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.

9 GOYA, Michel, La Chair et l’acier, l’invention de la guerre moderne, 1914-1918, Paris, Tallandier, 2004. p. 58-66. 

10 Sur ce point on se permettra de renvoyer à LE GALL, Erwan, La courte Grande Guerre de Jean Morin, Spézet, Coop Breizh, novembre 2014.

11 Arch. Dép. I&V : 1 R 2139.27.  

12 Arch. Dép. I&V : 1 R 2139.403.

13 Arch. Nat. : LH/1374/82. Pour de plus amples renseignements, on renverra à la notice en ligne du dictionnaire biographique des officiers du 47e régiment d’infanterie.

14 PAVEAU, Marie-Anne, « Citations à l’ordre et croix de guerre. Fonction des sanctions positives dans la guerre de 1914-1918 », CAZALS, Rémy, ROLLAND, Denis, PICARD, Emmanuelle (Dir.), La Grande Guerre. Pratiques et expériences, Toulouse, Privat, 2003, p. 247-257. 

15 LE GALL, Erwan,  Une entrée en guerre…., op. cit., p. 237-244.

16 LE GALL, Erwan, « Eriger 1870 en fondement d’une protoculture de la Première Guerre mondiale : l’exemple breton », En Envor, revue d’histoire contemporaine en Bretagne, n°4, été 2014, en ligne.

17 Particulièrement intéressante est à cet égard la dernière lettre qu’envoie Emile Saint-Mleux à sa mère le 24 septembre 1915, à la veille de mourir en Champagne : « Je serai mort comme un Malouin, comme un Français, comme un Saint-Mleux sait mourir ». « Mort pour la patrie. Renseignements fournis par les familles », Le Salut, 34e année, n°82, 22-23 octobre 1915, p. 1 repris après-guerre in Bazin, Yves, Livre d’or des anciens élèves du Collège de Saint-Malo morts pour la France, Saint-Malo, Imprimerie R. Bazin, 1921, p. 239. Précisons que bien que roturière, la famille Saint-Mleux est une des plus illustres de Saint-Malo, donnant même à Monaco un ministre d’Etat en la personne d’André Saint-Mleux, major de l’ENA en 1953, décédé en 2012.

18 Dans ses mémoires, Julien Loret évoque les « pages d’histoire militaire de ses aïeux », à savoir outre son père, un grand-oncle qui participe aux batailles de Sébastopol et de Solferino ainsi qu’un oncle qui « fût incorporé dans un régiment de hussard à Auch ». Arch. Mun. Saint-Malo : 21 S. Historique des années de guerre 1914-1918 vécues par Julien Loret dans les 5e et 7e compagnies du 47e régiment d’infanterie.